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Confidences d'Alex
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  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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23 août 2007

083 La fontaine (1re partie)

La fontaine est un épisode un peu longuet en huit parties.
Voici ce soir la première partie des propos d'Alex mis en mots, phrases, périphrases, paraphrases, paragraphes et chapitres, par moi-même, Mathys.
ça se passe lors d'un petit séjour à Rome. Il est étudiant en troisième année.

« C’est une très belle fontaine au bord de laquelle nous avons plaisir à venir nous asseoir  quand la lumière dorée s’est retirée des façades ocre et terre de Sienne, et que le voile obscur de la nuit commence à éteindre les splendeurs du jour. Les réverbères ne sont pas encore allumés, qui vont faire revivre autrement les formes et les couleurs.
C’est en principe un moment de quiétude, après l’agitation de la journée, avant l’intimité du soir.
Nous nous asseyons sur la margelle de la vasque de granit. Pas tout près l’un de l’autre car nous venons de nous chamailler. Pour une broutille comme d’habitude. La douceur du soir, la tranquillité de l’endroit, les chuchotements et les gargouillements de l’eau, loin de nous apaiser, ne font qu’exacerber la tension qui raidit nos sens.
La soirée qui s’ensuit envenime cet état, et génère le besoin de se retrouver seul. Alors je quitte la chambre et, presque machinalement, je retourne vers cette fontaine qui sans cesse m’attire et me plonge dans un curieux état psychique d’attente et d’espérance.
Comme je l’ai déjà dit cette fontaine est très belle. Tout autour de la vasque s’agitent des petits ondins et des dauphins sculptés dans le marbre blanc. Les mammifères marins crachent de l’eau par leurs gueules entrouvertes. Au centre, un magnifique adolescent nu, grandeur nature, s’avance virilement en portant du bras droit, au dessus de la tête, une conque d’où s’échappent six jets d’eau qui retombent dans le bassin, entre les dauphins.
Cette sculpture, elle aussi en marbre blanc, me fascine. Non que je sois  peu averti des multiples exemples de sculptures glorifiant la beauté masculine, sous l’alibi mythologique en général. Ils peuplent toutes les sections antiques de nos musées et se déploient de la Renaissance jusqu’à Rodin, à qui je voue une admiration depuis mon enfance. Mais cette sculpture du début du XVII° siècle tranche avec tout ce que je connais de cette époque, sauf avec les peintures du Caravage. La raison en est que le sculpteur a su se délier de la tradition classique. Il n’a pas imité un modèle antique, pas fait référence aux corps puissamment musclés de Michel-Ange, ni à la joliesse des éphèbes de Donatello. Aucun respect des canons et des règles ne vient brider le tempérament de l’auteur. Pas de recherche du bon goût, de la grâce, de l’élégance. Pas de recours au réservoir de mythes de l’Antiquité, ni aux textes de l’Evangile si prisés à l’époque.
Voilà un artiste qui ne marcha pas dans les pas de ses prédécesseurs et qui inaugura une autre voie. Voilà un artiste qui dut encourir les foudres du Saint Office, en ces temps d’Inquisition, pour qu’on se soit ingénié à effacer son nom des registres de l’Histoire. Il avait osé braver l’interdiction du pape Clément VIII de représenter le corps entièrement dénudé, qu’il fût céleste ou profane. On sait que ce pape avait fait ajouter des pagnes aux figures nues de la chapelle Sixtine, peintes par Michel-Ange. Il est probable que ce beau jeune homme avait lui aussi été revêtu d’un drapé occultant l’outrage à la chasteté des regards et à l’innocence des pensées. N’était-ce pas un crime de glorifier aussi ouvertement la sensualité insolente, l’érotisme effronté d’un jeune vaurien hermétique aux pieux enseignements ? N’était-ce pas une incitation au stupre et à la fornication ?
Il fallait avoir la peau (si l’on peut s’exprimer ainsi !) de ce provocateur impie. »

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Commentaires
P
Je l'imagine bien jolie, cette fontaine.<br /> <br /> Sorte de prolongement à ma divagation précédente (que je me retiens de rallonger depuis que je l'ai pianotée...!): ce que j'aime tout particulièrement dans tes mots c'est l'intellectualisation descriptive poussée du détail des sentiments et des émotions. Moi j'ai tendance à synthétiser cela, m'attardant plus sur le ressenti brut et éphémère via les sens (enfin je crois ! je vais avoir envie de rallonger dans trois minutes, mais non, fo que j'aille bosser, je vais parler d'Icare à mes résidents...).<br /> <br /> Oliv'<br /> <br /> Oliv'
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