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Confidences d'Alex
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  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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22 août 2007

082 Ah, ho, Musset !

« C’est un grand classique que j’étais allé voir à la Comédie Française, me dit-il. Remarquablement bien joué, je ne sais plus par qui : « On ne badine pas avec l’amour », « badine » pour les initiés.

Ah Musset ! Ses amours passionnées et tourmentées avec George Sand.

Ah le romantisme ! Ah les sentiments amoureux à leur paroxysme ! Ah leur inévitable escorte : le désir, la séduction, la jalousie, le mensonge, l’orgueil, le déchirement,…la mort.

Ah Musset, comme tu incarnas les rêves et les impulsions de la jeunesse, le mal du siècle,… !

Mais l’année où tu écrivis la merveilleuse pièce « Les caprices de Marianne », tu te lâchas en épanchant un cœur envahi par la débauche. Tu fis mourir l’amour au contact du vice. Tu plongeas ta plume dans le dérèglement des sens pour rédiger ce petit chef-d’œuvre de prose érotique, ou plutôt, salace et pornographique, qu’est l’histoire de la comtesse Gamiani.

Oh Musset !»

En voici un extrait :

« La supérieure, que j’appellerai maintenant Sainte, était la fille d’un capitaine de vaisseau. Sa mère, femme d’esprit et de raison, l’avait élevée dans tous les principes de la sainte religion, ce qui n’empêcha pas que le tempérament de la jeune Sainte ne se développât de très bonne heure. Dès l’âge de douze ans, elle ressentait des désirs insupportables, qu’elle cherchait à satisfaire par tout ce qu’un imagination ignorante peut inventer de plus bizarre. La malheureuse se travaillait chaque nuit : ses doigts insuffisants gaspillaient en pure perte sa jeunesse et sa santé. Un jour, elle aperçut deux chiens qui s’accouplaient. Sa curiosité lubrique observa si bien le mécanisme et l’action de chaque sexe, qu’elle comprit mieux désormais ce qui lui manquait. Sa science acheva son supplice. Vivant dans une maison solitaire, entourée de vieilles servantes, sans jamais voir un homme,pouvait-elle espérer de rencontrer cette flèche animée, si rouge, si rapide, qui l’avait si fort émerveillée et qu’elle supposait devoir exister pareillement pour la femme ? A force de se tourmenter l’esprit, ma nymphomane se remémora que le singe est, de tous les animaux, celui qui ressemble le plus à l’homme. Son père avait précisément un superbe orang-outang. Elle courut le voir, l’étudier, et comme elle restait longtemps à l’examiner, l’animal, échauffé sans doute par la présence d’une jeune fille, se développa tout à coup de la manière la plus brillante. Sainte se mit à bondir de joie. Elle trouvait enfin ce qu’elle cherchait tous les jours, ce qu’elle rêvait chaque nuit. Son idéal lui apparaissait réel et palpable. Pour comble d’enchantement, l’indicible joyau s’élançait plus ferme, plus ardent, plus menaçant qu’elle ne l’eût jamais ambitionné. Ses yeux le dévoraient. Le singe s’approcha, se pendit aux barreaux et s’agita si bien que la pauvre Sainte en perdit la tête. Poussée par sa folie, elle force un des barreaux de la cage et pratique un espace facile que la lubrique bête met de suite à profit. Huit pouces francs, bien prononcés, saillaient à ravir. Tant de richesse épouvanta d’abord notre pucelle. Toutefois, le diable la pressant, elle osa voir de plus près ; sa main toucha, caressa. Le singe tressaillit à tout rompre ; sa grimace était horrible. Sainte, effrayée, crut voir Satan devant elle. La peur la retint. Elle allait se retirer lorsqu’un dernier regard sur la flamboyant amorce réveille tous se désirs. Elle s’enhardit aussitôt, relève ses jupes d’un air décidé et marche bravement à reculons, le dos penché vers la pointe redoutable. La lutte s’engage, les coups se portent, la bête devient l’égale de l’homme. Sainte est embestialisée, dévirginisée, ensinginée ! Sa joie, ses transports éclatent en une gamme de « Oh ! » et de « Ah ! », mais sur un ton si élevé que la mère l’entend, accourt, et vous surprend sa fille bien nettement enchevillée, se tortillant, se débattant et déjectant son âme ! »

Gamiani ou deux nuits d’excès
Alfred de Musset ─ 1833

NB  Peut-être aurait-il fallu une illustration, mais je n'en ai pas.

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Commentaires
N
les mots de Musset ne me permettent pas d'avoir une idée précise d'un sexe d'orang-outan, à moi.<br /> <br /> Je n'arrive pas non plus à voir de l'amour ni du vice !<br /> Rien à faire, je ne suis qu'un peu poète ! Et je regarde le monde sans une once de culture classique (tout le monde connaît... bande de singeurs-dictateurs !).<br /> <br /> fo absolument que je lise un peu plus souvent le confident d'Alex, pour progresser... <br /> <br /> Oliv'
M
Vaste débat, qui a fait couler beaucoup d'encre, et jamais épuisé.<br /> <br /> Bonne journée<br /> <br /> Mathys
M
Oui, tu as raison, toi qui connais si bien le pouvoir des mots, et qui en uses si peu (à ma connaissance) au profit d'une iconographie non moins suggestive.<br /> <br /> Tu me plais quand tu t'énerves un peu.<br /> <br /> Biz<br /> <br /> Mathys
P
Ah ! mais en voilà une bête question. <br /> <br /> Toi, si sensible au poids des mots qui équivalent sans conteste au choc des photos, <br /> <br /> toi, si peu enclin aux descriptions trop insistantes, <br /> <br /> toi, si désireux de laisser la suggestion faire en toi son oeuvre, <br /> <br /> tu voudrais une illustration à ce morceau de bravoure, <br /> <br /> un peu iconoclaste je l'avoue, <br /> <br /> comme si la prose d'Alfred ne portait pas par elle-même, non l'image, mais l'impression, vive, enlevée, communicative ?<br /> <br /> Et l'on se voit soudain rougir d'une telle montée en puissance fantasmagorique.<br /> <br /> PS : Jadis, arrivé une heure en retard et parti une demi-heure avant la fin de l'épreuve, j'avais obtenu la meilleure note à une dissertation de littérature française consacrée à l'amour romantique. Je ne sus ni ne sais aujourd'hui comment j'accomplis un tel exploit. Peut-être y avait-il une certaine connivence intérieure avec ce que le sujet évoquait de l'impossibilité de l'amour.
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