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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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13 septembre 2007

084 Conversation

─ Alex, depuis que tu m’as initié à l’art, j’ai l’impression que mon regard est devenu beaucoup plus exigeant.

─ C’est normal, Mathys, la vue s’éduque et s’affine, comme tous les autres sens.

─ Tu sais que j’attends des mots bien plus que leur définition, eh bien j’espère du visuel davantage que ce qu’il donne à voir.

─ Oui, sur ce point tu me ressembles à présent.

─ Je suis souvent déçu parce que la tendance actuelle est de tout montrer, crûment, brutalement parfois, sans aucune sollicitation du mystère et de l’imaginaire. Sous la pression d’une puissante industrie mondiale de l’érotisme nous sont imposées des représentations caricaturales, formatées à l’excès, un sexe fondé sur la performance et finalement très peu crédible.

─ L’exemple de l’érotisme homosexuel est particulièrement significatif, si tu veux on peux en parler avant d’en venir à des exemples plus généraux.
Longtemps soumises à la censure et à la répression, les images à caractère homosexuel n’ont fleuri que sous le manteau ou ont dissimulé leur véritable mobile sous une couverture mythologique ou religieuse. Les exemples sont très nombreux, prenons l’œuvre de Caravage, au début du XVII° siècle.

─ On connaît sa passion pour les garçons, plutôt le genre voyou, et en même temps il fut un temps peintre officiel de l’Eglise de Rome. Apparemment incompatible. Comment traduire en peinture des épisodes de l’Evangile sans renier un tempérament fougueux et un érotisme hors normes ?

─ Ce n’est sans doute pas son plus grand trait de génie que d’y être parvenu (d’autres aussi l’ont fait), mais l’ambiguïté de la lecture n’est pas un des moindres attraits de ses peintures.
Caravage_St_J_BaptSon « Saint Jean Baptiste » n’est sans doute pas la meilleure démonstration de la double lecture, mais on mesure l’audace de ce tableau. Le très jeune âge du garçon, sa nudité intégrale, l’indécence de sa pose, la sensualité de son corps,… le peintre avoue ses goûts. D’ailleurs les ennuis commencent avec l’intervention musclée du préfet du tout puissant pape Clément VII. Le scandale vient de l’impudeur du jeune Jean Baptiste, dont le modèle n’est autre que l’amant du peintre, mais plus encore de la tête de bélier, soi-disant symbole de luxure et de dépravation, au lieu de l’agneau, emblème d’innocence et de pureté, annonçant l’Agneau de Dieu que sera le Christ.

─ Qu’est-il advenu de ce tableau ? Et du peintre ?

─ Caravage a réussi à s’en sortir en citant l’évangile de Saint Mathieu. Mais le tableau a été censuré. Il a cependant survécu, car acheté pour une collection privée.
Pour cette peinture explicite, combien d’autres de Caravage sont à double lecture et jouent une partition érotique sous couvert de religion.

A suivre...

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Commentaires
M
Tu n'as pas tort, Joseph. Caravage a été le premier à s'approcher du réel.<br /> <br /> Tu as raison, Pierrot. Le visage... comment dire?... irradie de désir.<br /> <br /> Biz<br /> <br /> Mathys
P
Tout est dans le visage.
J
à bien regarder ce tableau, on se demande si Carravage n'avait pas déjà inventé la photographie !
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