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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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29 août 2007

083 La fontaine (3° partie)

Résumé des première et deuxième parties :

Alex, lors d'un court séjour à Rome, se dispute un soir avec son amie. Il retourne s'asseoir sur la margelle d'une fontaine dont le sujet principal, un jeune homme nu, lui paraît d'un érotisme exacerbé.
Il imagine que les chefs religieux de l'Inquisition romaine, au début du XVII° siècle, ont pousuivi et condamné le sculpteur pour outrage aux bonnes moeurs et incitation à la débauche.


« Il fut jeté dans un cachot.
Il fallut quelque temps pour trouver les chefs d’inculpation et fabriquer les pièces à conviction, car, tout puissant qu’il fût, le tribunal de l’Inquisition romaine avait besoin de preuves pour condamner. On alla donc fouiller cette grange à demi en ruine qui servait d’atelier à ce sculpteur et on trouva exactement ce qu’on voulait, y compris ce qui n’y était pas : des armes blanches prohibées, dagues, poignards, épées, des ciboires en argent et autres ustensiles du culte dérobés dans différentes églises, des esquisses à la sanguine de scènes érotiques, et en particulier de sodomisation.
Nous avons, disent les juges, plus d’éléments qu’il n’en faut pour le condamner à mort. Mais il nous faut encore la liste de toute cette vermine qu’il a côtoyée, de ces petites canailles qui vivent de rapine et de prostitution, et qui ont été ses modèles et amants.
Qu’on le déshabille, et qu’on l’expose nu sur ce plateau de chêne muni de sangles…
Qu’on fasse chauffer les fers...

On arrêta cinq jeunes petits vauriens sur les bords du Tibre, que l’on fit comparaître devant les Messeigneurs de l’Inquisition.

   ─ Qu’on les déshabille complètement. Faisons-leur ce dernier plaisir de leur permettre une dernière fois cette tenue obscène dont ils font leur commerce.

Remue-ménage sous les soutanes :
« Seigneur, aie pitié de nous pauvres pêcheurs. Que Ton Œuvre reste insensible au flamboiement de ces jeunes corps, au charme diabolique de ces garçons, à la puissante invitation au péché de chair de leur anatomie. Seigneur, aie pitié de nous. »


Arriva le jour du procès de l’artiste débauché, sodomite et voleur, dont le talent pour propager le mal était à la hauteur de son talent de sculpteur. Il fallait faire un exemple pour décourager tous ses confrères, sculpteurs, peintres, fresquistes, de fréquenter intimement la pègre immorale et sacrilège, et de se lancer dans la provocation érotique. Il fallait effacer cette existence accueillante aux puissances du mal, se complaisant dans les manigances du démon, soufflant sur les braises pour incendier la terre.
Au diable ce misérable !


Qu’il périsse crucifié.
Non, ce serait trop d’honneur que de lui réserver le sort devenu sacré de Notre Seigneur Jésus Christ. Il est indigne de périr sur la croix. Et puis nous ne sommes pas des barbares comme l’étaient ces mécréants de Romains, dont la justice était aussi cruelle qu’expéditive.


Qu’il soit décapité.
Mais la décapitation, pour spectaculaire qu’elle soit et attire la foule des badauds, est réservée aux criminels, aux comploteurs, aux brebis égarées issues de nos propres rangs. Le corps reste entier bien qu’il soit en deux morceaux, et qui sait si sa manipulation ne peut pas contaminer des âmes innocentes ? Et puis on ne peut laisser ce corps sans sépulture, et on impose ainsi un voisinage outrageant à de bons chrétiens qui reposent en paix.
Il est un moyen de purifier un cœur gangrené, de détruire à jamais les organes infectés, d’anéantir les liquides purulents. L’homme immolé par le feu est consumé dans sa partie impure, profane, et son âme purifiée, débarrassée de sa gangue charnelle contaminée par Satan, peut entrer dans une nouvelle vie illuminée. La fumée s’élevant vers le ciel est le témoignage de l’ascension de l’âme vers le divin. Les cendres fertilisent le sol, qui, sous les feux du soleil printanier, donne de nouvelles et abondantes récoltes.
Il existe d’ailleurs un texte de Paul, dans l’épître aux Corinthiens, chapitre III, versets 11 à 15, qui dit que celui qui a mal accompli sa tâche sera sauvé « comme à travers le feu ». Purgatorius, ce feu est ici un feu purificateur.
Oui, nous avons pour mission de sauver cette âme prisonnière des fourches caudines du diable. Notre devoir, à nous humbles serviteurs de Notre Sainte Mère l’Eglise Catholique et Apostolique, est de donner des ailes pour s’envoler vers Notre Seigneur, à celui qui se vautre dans la fange. Ce sera comme une action de grâce, que nous accompagnerons de prières. Nous acheminerons ce damné jusqu’aux portes du Royaume. Dieu, dans son infinie mansuétude, et son incommensurable amour, lui ouvrira les portes pour l’accueillir.
Nous pourrons alors espérer la reconnaissance du Seigneur pour notre éradication de cette vermine, et compter sur l’octroi de Ses Saintes Indulgences.


Qu’il soit brûlé vif. »

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