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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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25 janvier 2011

NILS ( 4° partie )

Nils et moi nous côtoyions tous les jours puisque nous étions dans la même classe. Mais je n’étais à ses yeux qu’un potache parmi les autres. Après l’épisode du store me dégringolant sur la tête, il ne se passa rien entre nous pendant de nombreux jours. Pourtant, environ trois semaines plus tard, passant près de nous, il entendis que je disais à Marc que je n’avais rien bité à la leçon d’anglais (ce fut mon expression).

— je peux t’expliquer si tu veux. L’anglais est ma première langue.

Je sautai sur l’occasion.

— Oui, t’es sympa. Quand ?

— Tout à l’heure, à la récré de quatre heures.

J’allai le trouver alors qu’il était en conversation avec une nana d’une autre classe ;

— Excuse-moi, Clo, je vais parler avec Alex.

J’appréciai sa délicatesse : il n’avait pas dit « J’ai un truc d’anglais à lui expliquer », il avait congédié la fille pour simplement me parler.

— Viens, on va se mettre un peu à l’écart.

Nous nous sommes assis dans le renfoncement d’une porte, sur le seuil en escalier. Pour lire le livre d’anglais que j’avais apporté, nous nous étions rapprochés l’un de l’autre, nos épaules se touchaient, et aussi nos genoux parfois, sans que ni l’un ni l’autre ne cherchât à s’écarter. J’aimais ce contact. J’avais ses cheveux blonds et sa joue tout près de mon visage quand nous nous penchions sur le livre. Je sentais son odeur et je m’en délectais. J’avais une envie folle de l’embrasser sur la joue, mais bien sûr c’était le geste à ne pas faire, surtout à cet endroit, dans la cour du lycée,  à la vue de tous. Ce fut pour moi un moment d’une rare intensité.

Le soir je repris ce cours d’anglais à la lumière des explications de Nils. Le livre, d’ordinaire ennuyeux, rébarbatif, me parut attrayant. Ce n’était plus le même livre. Il était balayé par un champ magnétique qui m’attirait comme l’aiguille d’une boussole. « Tu es complètement timbré mon pauvre garçon » me dis-je. Mais je ne pouvais résister à la charge émotionnelle qui suintait des pages. Les mots n’étaient plus les mêmes, leur sonorité avait changé, ils devenaient mélodieux quand je les entendais interprétés par la belle voix de ténor de Nils. Ces mots s’étaient parés de la couleur azur des yeux de Nils et s’enluminaient de mèches ambrées qui flottaient comme des bannières. Non, ce n’est pas vrai, le mot n’est pas un simple assemblage mécanique de consonnes et de voyelles, auquel on donne un sens commun bien défini. Le mot est un être vivant qui peut vous agresser ou vous caresser, vous attrister ou vous réjouir, vous détruire ou vous épanouir. Ainsi le Subjunctive Imperfect, « If he were my friend », me fit-il découvrir un charme et une sensualité que je n’avais jamais rencontrés en ces lieux.

Depuis lors je me mis à progresser en anglais. Le prof ne manqua pas de le remarquer. Il ne manqua pas non plus d’attribuer cette amélioration à l’excellence de sa pédagogie.

A suivre ...

 

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