131 "Mourir au soleil" (13° partie)
— C’est moi. Je peux te parler là ?
— Oui, je suis tout seul. J’ai accompagné ma mère à l’hôpital pour des examens. Elle y reste jusqu’à demain soir. Mon père a une réunion, soit disant, et il va rentrer très tard.
— Comment ça se passe avec lui ?
— Mal. On s’est engueulé. Il m’a dit « C’est à cause de ta mère que je ne te fous pas à la porte. Elle ne sait pas. Il ne faut pas qu’elle sache ». Alors je lui ai répondu « T’as bien des égards pour Maman tout d’un coup ». Il est entré en furie « Comment ? Qu’est-ce que tu insinues sale petit PD ? »
« Je n’insinue pas, je dis que tu te conduis comme un salaud avec Maman »
« Ça ne te regarde pas. Et puis va te faire foutre »
« Tu es grossier comme ça avec tes maîtresses ? Elles aiment ça ? »
« Non mais, espèce de petite fiotte, tu vas me donner des leçons maintenant, toi qui fais des saloperies ? »
« Appelle les sentiments comme tu voudras, tu sais pas ce que c’est que les sentiments »
« J’ai rien dit à ta mère parce que ça la ferait mourir. C’est ça que tu veux ? »
« Arrête, s’il te plaît, là tu passes les bornes »
« Tâche de réussir cet examen et de trouver au plus vite un boulot, n’importe lequel, parce que c’est pas possible de continuer comme ça ».
— T’as bien fait d’lui parler comme ça. C’est vrai, il a pas de leçon à te donner. C’est jeudi ton exam. Tu vas le réussir et tu vas pouvoir vite foutre le camp de chez toi.
— Je suis stressé Alex.
— C’est pas étonnant. Mais pense que ta vie va bientôt changer, tu seras libre.
— Ouais ! Espérons.
— Si, je t’assure, il faut y croire. Tu dois avoir confiance en toi, tu es prêt pour cet exam.
— T’es sympa de me réconforter. J’aimerais tant que tu sois auprès de moi !
— Ça viendra, je t’assure.
— Toi, ça va ?
— Oui, sauf que tu me manques.
— T’as pas un petit copain par là ?
— Arrête ! Je t’ai dit que je n’avais pas de petit copain.
— Tu fais quoi ?
— Je lis, je vais à la piscine, mais ça vaut pas la rivière, je fais de la montagne, je vais un peu au ciné… c’est encore les vacances mais rien à voir avec les Cévennes.
— T’as du bol, t’as des amis…
— Toi aussi tu vas t’en faire quand tu auras quitté ton village de demeurés.
— T’es un optimiste, toi !
— Je te rappelle demain, même heure. Je t’embrasse, comme j’aime t’embrasser.
— Moi aussi, bisous, bisous, à demain.
A suivre ...