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Confidences d'Alex
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  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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20 octobre 2010

131 "Mourir au soleil" (2° partie)

Lorsque le 4X4 de Boris s ‘engagea sur les départementales vers Vallon Pont d’Arc, je n’y prêtai tout d’abord guère attention. Mais peu à peu les paysages me redevinrent familiers et je sentis en moi une petite appréhension que je m’efforçai d’ignorer. Quittant la route relativement plate du plateau ardéchois, la voiture attaqua les premiers contreforts des Cévennes. Je me rendis compte que nous allions, de détour en détour et de virage en virage, exactement dans la direction du lieu que je voulais éviter. Bientôt je reconnus le minuscule village comme si je l’avais quitté hier. Un tout petit village accroché à flanc de colline, au dessus d’un ravin au fond duquel le lit d’un cours d’eau la plupart du temps à sec dessinait une sinuosité blanchâtre. Il était resté tel que dans ma mémoire, avec ses maisons en granit sombres, recouvertes de lauzes de schiste, agglutinées autour d’un petit clocher à peigne. Ça et là quelques mas plus récents, dispersée, dont celui dans lequel j’avais passé un été avec mes parents.

Cet été-là mes parents avaient eu l’idée de s’immerger dans une nature presque vierge, de retrouver une sorte de communion, d’intimité avec ce monde élémentaire. « Quelle idée ! Pensais-je. Une envie  de citadin, amolli par le confort, qui vient de lire « L’Epervier de Maheux », de Jean Carrière,  prix Goncourt 1972, ou plutôt « Les voyages avec un âne dans les Cévennes »,  de Stevenson, et qui veut, ce citadin, en retrouver les traces sur le sentier de grande randonnée GR 70, appelé justement « Chemin de Stevenson »

—  Pourquoi pas la mer comme d’habitude ? Avais-je demandé à mon père. C’est quand même plus marrant. Tu sais comme j’aime nager dans la mer. Je vais m’emmerder là-bas.

— Il y a trop de monde au bord de la mer, maintenant. Pour ce qui est de nager, tu auras l’embarras du choix. D’abord il y a une piscine dans le jardin du mas, et puis tu découvriras la nage dans les courants de l’Ardèche et du Chassezac, dans des gorges extraordinaires. Tu verras des paysages saisissants. Tu aimes la nature, nous ferons ensemble des randonnées dans les endroits les plus sauvages. Nous irons dans les pas de jean Ferrat. Tu connais sa belle chanson sur la montagne ?

— Oui, je connais le couplet écolo avant l’heure :

« Il n’y a rien de plus normal

  Que de vouloir vivre sa vie

  Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires

  De quoi attendre sans s‘en faire

  Que j’heure de la retraite sonne

  Il faut savoir ce que l’on aime 

  Et rentrer dans son HLM

  Manger du poulet aux hormones. »

J’avais seize ans, et suivait encore mes parents quand ils partaient en vacances d’été. Ces vacances dans les Cévennes, j’ai tout tenté pour les effacer de ma mémoire, les enfermer dans ma boîte à oublis. J’étais parvenu, avec l’aide du temps, à ce que ces souvenirs n’aient plus aucune existence. Mais voilà qu’en quelques kilomètres ils étaient ramenés au présent.

Boris ralentit avant d’arriver au village et prit un chemin de traverse à demi défoncé, raviné par les pluies, où seuls un tracteur ou un 4X4 pouvaient s’aventurer. Le chemin grimpait fort sur un épaulement au dessus d’une combe au fond de laquelle une végétation plus verdoyante indiquait la présence d’un ru. En redescendant sur l’autre versant je redécouvris ce magnifique paysage dans lequel j’avais vécu, un court instant, mes premières et tragiques amours.

A suivre ...

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