126 La méprise ( trois parties) partie 1
─ Dis-moi, Alex, tu verrais un inconvénient à ce que j’invite ma copine Eloise et mon cousin Florian avec nous samedi soir ?
─ Bien sûr que non (il allait ajouter « au contraire » mais il se ravisa à temps car il savait Dora susceptible et il craignait qu’elle comprît que sa seule compagnie ne lui suffisait pas). Je connais un peu ton amie Eloise (il faillit ajouter « et je la trouve charmante », mais il n’en fit rien pour ne pas éveiller la jalousie latente de Dora. Mais je ne savais pas que tu avais un cousin sur place.
─ C’est vrai je ne t’en ai jamais parlé.
─ Quel âge a-t-il ? Que fait-il ?
─ Il a vingt cinq ans, et pour le reste, je te laisse le découvrir.
─ Il est très chouette. Il te va très bien.
─ Elle est ravissante, et elle met bien en valeur ta chute de reins.
─ Ah, tu trouves aussi qu’elle me moule trop les fesses ? D’ailleurs j’ai décidé de faire un régime pour perdre un peu de fesses. Tu me feras des massages ?
─ Oui, volontiers.
─ J’ai une autre idée pour ce soir. Tu te souviens de ce que j’ai mis l’autre jour pour aller au théâtre ?
─ J’aime tout.
─ Tu t’en fous en fait.
─ Mais pas du tout. Tu sais très bien t’habiller, mais nous allons être une fois de plus en retard, et tu sais à quel point ça m’énerve.
─ Tu es vite énervé.
Sans doute fit-elle les présentations, mais Alex était déjà dans un petit nuage. La remarquable beauté du garçon l’avait saisi à la gorge. Il en eut le souffle coupé et mit quelques secondes à reprendre son sang-froid. Ce Florian correspondait tellement à son idéal masculin qu’il se demanda un instant s’il ne vivait pas un fantasme. Mais la poignée de main très ferme du garçon, et le scintillement des prunelles noires qui se fixèrent à ce moment sur son regard ébloui, lui ôtèrent toute impression qu’il pût s’agir d’un songe. Il détourna aussitôt les yeux et entrepris une conversation avec Eloise, laissant à Dora le soin de s’occuper de Florian. Il s’imposa pendant tout le repas de ne pas adresser la parole au jeune homme. Pas une fois il ne le regarda, alors que sa beauté et son éclat attiraient immanquablement tous les regards. Les quelques coups d’œil dans sa direction avaient tous été furtifs et glissants. Pourquoi une telle indifférence presque dédaigneuse ? Pourquoi cette attitude, au risque de passer pour un mufle auprès de ce garçon qui semblait réunir toutes les qualités ? De quel danger avait-il donc si peur ?
A suivre ...