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Confidences d'Alex
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  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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31 août 2009

119 Le monde de Iony ( 5° partie )

Je lui racontai mon rêve, sans mentionner les remarques qu’il m’inspira. Quel ne fut pas mon étonnement de voir ses yeux s’embuer. Iony était au bord des larmes. Je m’approchai de lui et le pris dans mes bras comme on console un enfant qui a du chagrin. Il se laissa faire et pleura doucement sur mon épaule. Je n’osai lui poser la moindre question, le laissant écouler une peine dont j’ignorais totalement la raison. J’étais triste de le voir ainsi malheureux et en même temps je me réjouissais qu’il s’abandonnât dans mes bras et me livrât une souffrance intérieure. Sans doute me dirait-il, un jour, ce qui faisait saigner son cœur, quand il aurait totalement confiance en moi, ou, espérais-je, quand il manifesterait à mon égard des sentiments auxquels j’aspirais de toutes mes forces.
Nous nous fréquentions depuis maintenant trois mois, et mon attachement, devenu d’abord une tendre affection, puis bien davantage, était en fait un sentiment dont je ne me cachais plus qu’il était d’amour. Moi qui d’ordinaire avais tendance à railler le sentimentalisme romantique échevelé, j’avais l’impression d’être tombé dans ce piège et de m’en délecter.
Ma délectation était néanmoins un peu douloureuse car j’ignorais si mes sentiments amoureux rencontraient un écho chez ce jeune musicien. Je n’osais lui en parler, par crainte d’être déçu et de le perdre à tout jamais. J’étais devenu aussi timide et réservé que lui et je ne me reconnaissais pas.
A peine était-il parti, après l’une de nos rencontres, qu’il me manquait déjà. Et je faisais défiler tout ce qu’il avait pu me dire, tout ce qu’il avait suggéré, ou que j’interprétais comme tel, tous les signes, mêmes infimes, signifiant son attachement. Je m’efforçais de retrouver la musique qu’il m’avait jouée, quelque fois plus enjouée que celle de Sainte Colombe, et je notais avec plaisir que son regard allait de moins en moins vers un inaccessible lointain et se posait parfois sur moi avec, croyais-je, un reflet de tendresse.
Hélas j’avais l’impression qu’il vivait dans un monde qui m’était inaccessible. Il ne pouvait se passer de musique et dès qu’il me quittait il remettait ses écouteurs dans les oreilles et semblait se couper du monde. Il vivait dans une sorte de thébaïde musicale, un bastion inaccessible à qui ne faisait pas partie de son microcosme.
J’aimais découvrir avec lui des compositeurs que je ne connaissais que de nom, ou dont je n’avais jamais entendu parler parfois, des sopranes merveilleuses, des ténors remarquables. Petit à petit je parvenais à distinguer les différentes tessitures de voix et le parti pris, le style des chanteurs. Tout à coup il détachait de son oreille un écouteur et il me le tendait :

─ Ecoute ça, c’est magnifique !

J’adorais ces instants où nous étions, l’un tout près de l’autre, unis par la musique. Je priais pour que le passage musical durât une éternité. Plus que la musique, ce que je goûtais surtout était cet instant privilégié où j’étais presque contre lui. Le « presque » est d’importance car si nous nous effleurions parfois, je n’osais le toucher vraiment de crainte de rompre le charme de sa proximité. Ce geste tant de fois imaginé, tant de fois promis, que je ne parvenais pas à faire : le prendre dans mes bras et l’embrasser. Au moment décisif j’étais comme paralysé par la peur de détruire ce qui était manifestement de sa part une profonde amitié.

À suivre ...

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