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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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27 juin 2009

116 Non, mon adjudant-chef (intégral)

Quel mystère que le rêve ! Il te fait côtoyer des personnes que tu ne connais pas, que tu n'as jamais rencontrées, qui probablement n'ont même pas d'existence, et qui vivent avec toi un bout de cette histoire qui ne t'est jamais arrivée. Il mélange des petites portions de ce que tu as vécu récemment, pour de vrai cette fois, avec des souvenirs puisés apparemment au hasard dans une boîte où ils sont entassés dans le plus grand désordre. S'ajoute à ce mix  des évènements improbables qui se déroulent dans la plus parfaite incohérence. Parfois réapparaissent et se mettent à vivre sous tes yeux des personnages perdus dans les oubliettes de ta mémoire. Quelle surprise, une fois éveillé, s'il reste une trace de tes divagations pendant le sommeil, de voir un fantôme de la mémoire se promener comme un être vivant, te parler, te prendre le bras avec familiarité, et, pourquoi pas, jouer les intimes !
En l'occurrence était venu passer une partie de la nuit avec moi quelqu'un que j'avais fréquenté journellement pendant une bonne partie de mon service militaire.
Eh oui ! Comme je l'ai déjà dit, je fus l'un des derniers conscrits, et à ce titre on ne m'a même pas donné de médaille ! Une épreuve dont je me serais bien passée mais qui s'est déroulée dans des conditions inattendues et pour tout dire inespérées. J'étais dans un bureau avec une secrétaire, assez jolie femme que je n'ai jamais vue en uniforme, et un adjudant-chef, chef du bureau car il faut partout des chefs dans l'armée. Cet adjudant-chef, ça ne s'invente pas, s'appelait Cruchou. Mais l'envie d'ironiser s'arrêtait en pensant à son nom, car il était intelligent et fort beau garçon d'environ 35 ans.
En arrivant dans ce bureau, encore traumatisé par la période des « es » que je venais de subir, je fus surpris de la gentillesse de l'accueil, ce qui chamboula quelque peu l'opinion défavorable que j'avais des militaires.  J'eus assez vite l'impression qu'entre l'adjudant-chef et la secrétaire il y avait une connivence, des échanges subliminaux, qui suggéraient une secrète intimité. Nous travaillions tous les trois pour un lieutenant colonel qui faisait des études de marchés pour l'acquisition de matériels militaires par l'armée de l'air. La secrétaire tapait les textes, le bidasse que j'étais dessinait les plans et les graphiques, l'adjudant-chef vérifiait que tout ceci fût bien réalisé avec la précision et la rigueur militaires. L'ambiance était décontractée, le « patron » n'étant pas à cheval sur le protocole, pourvu que le travail soit rapidement et bien fait.
Petit à petit, l'adjudant-chef introduisit un peu de familiarité entre lui et moi :

─ Alex, appelle-moi donc Gérôme.
─ Oui mon adjudant chef

Il se mit à rigoler.

─ Je t'impressionne à ce point ?
─ Non Gérôme, la force de l'habitude.

Un autre jour il me demanda de le tutoie

 

J'étais réservé vis-à-vis de ses approches de camaraderie. Je me bornais à constater qu'il s'intéressait de plus en plus à moi et je m'appliquais à garder une stricte neutralité. Des questions personnelles commencèrent à faire plus ou moins insidieusement leur apparition, ayant trait à mes fréquentations féminines. Elles devinrent plus directes et inquisitrices quand il me demanda si j'avais bien fait l'amour ce week-end (j'avais le privilège d'avoir la permission du week-end sauf quand j'étais de garde). Il profita un jour de l'absence de Corinne, la secrétaire, pour me demander si j'arrivais à contenir  ma virilité pendant toute la semaine, m'expliquant qu'à mon âge il ne pouvait résister à un besoin quasi permanent et qu'il devait souvent se satisfaire lui-même. Il me raconta qu'il n'avait plus ce problème puisque marié et se délectait tous les jours du plaisir conjugal.  Il arrivait bien à sa femme d'avoir « mal à la tête », ou d'être véritablement indisposée, alors il n'était pas rare qu'il reprît ses vieilles habitudes d'auto jouissance. J'étais étonné qu'il me parlât de ces choses très intimes avec autant d'aisance et de liberté de ton. A cela je ne répondais rien et me gardais bien de lui faire des confidences. A tort ou à raison je me considérais dans un milieu hostile où je devais éviter les pièges, repérer les leurres qui me précipiteraient dans la gueule de je ne sais quel loup.
Puis il glissa du terrain  purement féminin auquel il semblait me destiner jusqu'alors à celui de mes fréquentations masculines. Remarqua-t-il ma réserve encore plus grande et mes réponses encore plus évasives que précédemment ? Je commençais à me demander où il voulait en venir. Cet homme marié n'aurait-il pas des envies de sexualité masculine, lassé par sa femme, ou peu satisfait d'elle, voulant partir à la recherche d'une jouissance d'un genre nouveau et plus intense ? I
l m'avait plongé dans la perplexité.
Ma perplexité venait du fait que j'étais partagé entre plusieurs pensées :
─ Me venait parfois l'idée qu'il en faisait un peu trop pour moi devant Corinne et qu'il jouait la comédie pour exciter sa jalousie et la ramener davantage à lui, si tant est qu'elle eût jamais été à lui.
─ A d'autres moments je me disais que je m'étais involontairement trahi, et je me perdais en conjectures sur une hypothétique faille dans mon système de camouflage. Aurait-il perçu mon intérêt particulier pour les garçons ? Peut-être cherchait-il seulement à me démasquer, sans intention de me nuire.
─ Enfin venait l'idée qu'il me trouvait intéressant, que je déclenchais chez lui un réflexe de sensualité, ou qu'il avait simplement besoin d'un copain, et qu'il souhaitait sincèrement que nous fassions plus ample connaissance.
Bien entendu j'étais extrêmement méfiant à propos de l'homosexualité dans ce milieu militaire considéré comme particulièrement homophobe. J'affichais une distance presque exagérée avec tout ce qui avait trait à la sexualité. Je me gardais bien de lui dire que je l'avais trouvé superbe le jour où il était arrivé en uniforme. Je n'aime pas spécialement les uniformes, mais je dois reconnaître qu'il avait fière allure dans ce vêtement ajusté et épaulé qui mettait bien en valeur sa sveltesse et l'élégance athlétique de sa silhouette. Malgré tout je ne me sentais pas attiré par lui, sans que je puisse en définir les raisons. Peut-être le trouvais-je trop âgé pour mes vingt quatre ans, trop « installé » dans une vie de militaire pantouflard, trop faux jeton, trop peu cultivé aussi. Il ne faisait pas partie du genre de mecs qui m'attirent.

 

Les choses se précisèrent quand un jour je découvris un Penthouse sous mon sous-main. Je ne pouvais rester sans réagir.

─ C'est toi, Gérôme, qui a mis ça sur mon bureau ?
─ Fais voir. Ah ah ah ! Marrant ! C'est sans doute le patron. Tu ne savais pas ça, ils sont tous pédés dans l'armée de l'air. C'est pire que chez les curés.
─ Te fous pas de ma gueule.
─ C'est un admirateur timide qui s'est introduit dans le secrétariat en notre absence pour que tu sois plus réceptif aux signes qu'il te lance.
─ C'est certainement ça ! Le problème c'est que je ne suis pas pédé, tu en doutais ?
─ Non, ne crois pas ça.
─ J'ai d'autres explications : le mec qui a mis ça s'est trompé de côté, c'est à Corinne qu'il voulait le mettre, c'est un admirateur de Corinne. Qu'en penses-tu Corinne ?
─ Oh moi je déteste ce genre de revue. Ça ne me fait aucun effet, au contraire ça me dégoûte. Si quelqu'un s'adresse à moi de cette façon il est sûr de se louper.
─ Mon autre explication c'est que c'est à toi, Gérôme, que c'était adressé. Quelqu'un qui estime le terrain favorable.
─ Fais gaffe à ce que tu dis !

Ce type est un enfoiré, me dis-je. Un dégonflé, un lâche. Je suis sûr que c'est lui qui a mis cette revue sur mon bureau. Comment espérait-il que je réagirais ? Par un mutisme complice ? Par une lecture assidue, si toutefois il y a matière à lire dans ce genre de revue ? Mon incompréhension de son geste était totale, sauf à donner du crédit à une erreur de tactique, ce qui me faisait douter de son intelligence et confirmait ma mauvaise opinion des sous-officiers de l'armée.
Il me battit froid pendant quelques jours, mais à la première absence de Corinne son petit manège d'approche reprit du service. Pas de signes directs, évidemment, qui l'auraient dévoilé, exposé, fragilisé, parce que en définitive c'est un trouillard, mais des regards assez troublants, appuyés, insistants, ou que je considérais comme tels, et que bien sûr je ne soutenais pas et même que je fuyais ; une main posée sur l'épaule en allant chercher un dossier dans le eur derrière moi, mais n'est-ce pas un geste naturel, que j'ai pratiqué moi-même, qui aime toucher, sans aucune arrière pensée ? Des questions à la limite de l'indiscrétion, sur le mode de la plaisanterie, que j'esquivais, ou auxquelles je répondais par de gros mensonges.
La conversation avec lui était souvent limitée : les sujets portant sur la musique, la littérature, l'art, les spectacles, s'épuisaient à peine introduits car il était peu cultivé et peu curieux. Sur le foot et sur le rugby il était imbattable. Au début j'avais fait semblant de m'y intéresser. Mais comme je ne regardais aucun match et que j'ignorais le nom des joueurs les plus à l'honneur, il comprit que je le laissais monologuer par simple politesse, mais que je n'y trouvais aucun intérêt. En revanche j'aimais qu'il se mette à parler de la seconde guerre mondiale. Son grand père l'avait faite et il me racontait des épisodes inédits qui sortaient des grands poncifs vus au cinéma.
Il me proposait souvent d'aller prendre un pot. La plupart du temps je refusais, trouvant un prétexte plausible. Mais parfois je ne trouvais pas de bonnes raisons et je montais dans sa voiture, une Alfa GTV 2,5 rouge qu'il semblait chérir et dont il me vantait les qualités mécaniques :

─ Tu entends cette sonorité du six cylindre ? Il n'y a que Alfa pour avoir cette musique.

Je n'entendais que du bruit.
Je craignais à chaque changement de vitesse qu'il me prît le genou, mais il n'eut jamais ce geste déplacé, que j'aurais simplement réprimé en prenant la main baladeuse pour la remettre sur le volant.
Et puis, un jour, il m'invita chez lui.

 

Sa femme, me dit-il, aimerait bien connaître le « bidasse » dont elle entendait tout le temps parler.
Je ne savais que penser de cette invitation. Mon imagination me conduisait dans les scénarios les plus improbables :

─ Sa femme était une super gonzesse pleine de vénusté, une bombe sexuelle au regard gourmand, qui allait me dévorer des yeux avant de me faire passer un test d'aptitude. Serai-je à la hauteur ? Je me mettais à douter de moi et de mes capacités qui jusqu'alors n'avaient jamais été prises en défaut. Mais va savoir ce qui peut arriver avec une bombe sexuelle qui te vampirise jusqu'à la moelle sans jamais être satisfaite et fonctionne comme un six cylindres Alfa Roméo à injection ! Sûr, je vais me dégonfler, je ne suis pas une sexmachine. Quand j'entends des mecs se vanter de faire l'amour six fois par nuit, je ne suis pas crédule. Mais un jour un parent, juré aux assises, me raconta que le jury avait eu à juger un  violeur qui s'était acharné trois fois de suite sur sa victime, et cela sur un capot de voiture. J'en suis resté pantois. Primo, le viol, c'est au-delà de ma compréhension, deusio, j'aurais des scrupules à cabosser un capot de voiture, et enfin une fois en général me suffit, et si je suis vraiment motivé, je peux repartir une fois à l'abordage après un bon temps de récupération, mais pas plus.
Et pendant ce temps-là que faisait donc mon adjudant chef ?
Il bandait comme un âne devant le spectacle des ébats de sa femme avec le p'tit jeune qu'il convoitait lui-même et dont il découvrait pour la première fois l'anatomie parfaitement à son goût. Ou mieux il bandait comme un âne en tenant, assez maladroitement d'ailleurs, une caméra pour réaliser ce film porno dont il avait toujours rêvé parce qu'il mettait en scène des intervenants familiers et désirés, bien plus efficaces pour stimuler sa libido que les acteurs professionnels du sexe auxquels il était habitué.
Cet observateur et ce caméscope ne manquaient pas de m'aiguillonner. J'avais parfois imaginé qu'un inconnu assistait à mes ébats et ce fantasme enflammait mes sensations et ma jouissance. Il m'était même arrivé une fois, par un phénomène d'ubiquité, de me retrouver observateur de moi-même faisant l'amour. Sous moi était Carole, la petite coiffeuse qui n'avait pas su me consoler de ma rupture avec Tom. J'étais le voyeur qui se délectait  du spectacle absolument inhabituel de mon dos musclé, de mes fesses rebondies qui se contractaient à chaque pulsion du bassin vers ma partenaire et qui laissaient apercevoir une belle ligne ombrée aux abords de mon intimité la plus secrète. J'ai un peu honte d'avouer que je n'étais pas loin de m'admirer, trouvant même que j'étais mieux de dos que de face, quand j'entendis des bruits de voix et de matériel. Je m'étais alors aperçu qu'il y avait toute une équipe de cameramen en train de réaliser un film sur mes activités amoureuses. Un film dont j'étais le metteur en scène. Du pur délire, mais qui m'avait fait jouir très très intensément.

 

Telle était ma première affabulation. Il y en eut d'autres.

 

Ce couple, chez qui j'étais invité, commençait à s'enliser dans une routine sexuelle monotone et aspirait à un renouvellement voluptueux.
Il était trop tard pour reculer. Mais je ne pouvais supporter de me sentir piégé. Non que je fasse la vierge effarouchée devant une partie à trois, mais pas dans ces conditions et pas avec eux. Non et non mon adjudant. En fait je n'avais qu'une seule expérience à trois. Je l'avais très bien vécue autrefois à Etretat, avec Sonia et le serveur de l'hôtel. Sauf que c'était une machination imaginée par moi pour me venger de cette fille aguicheuse et volage, et aussi parce que Mico, le beau serveur, me faisait très envie. Le couple, à l'époque, c'est-à-dire il y a plus de deux ans, c'était le mien. Un faux couple en fait, car je me faisais avoir sur toute la ligne. L'invité était le serveur du restaurant. C'était moi qui tirais les ficelles ce soir-là (c'est raconté dans la séquence N° 60 « Etretat »).
Je compris, quand je vis que la femme de Gérôme, mon adjudant-chef, était une super gonzesse pleine de vénusté, au regard gourmand, qui avait chopé une forme carabinée de hanches-cul-seins, je compris que c'était rebelote. Je me demandais comment ils s'y prendraient pour amener ce garçon si réservé que j'étais à entrer dans leurs jeux érotiques quelque peu érodés à deux.
En me faisant boire, sans doute, et tout le monde sait que j'ai un petit faible pour le bon whisky. L'alcool désinhibe, te met dans un état second où tu peux faire ce que tu n'oserais ou ne voudrais pas faire dans un état de conscience. Mais je ne ferai pas avoir, je ne boirai que quelques minuscules gorgées.
En me faisant fumer peut-être, mais là je refuserai. Trop peur d'être malade.
En m'installant dans une partie de strip-poker ? Tiens, on ne me l'avait jamais faite, celle-là ! Je suis nul au poker. Je ne sais pas tricher et je n'arrive pas à me rendre inexpressif. J'ai toutes les chances de me retrouver le premier à poil, les deux autres s'étend arrangés pour être aussi pas mal déshabillés. On sait comment se terminent souvent les parties de strip-poker, il n'est pas utile que je fasse un dessin. Ah, c'est ainsi qu'il pensait arriver à ses fins, mon adjudant ? De la chair fraîche dans son plumard avec la bénédiction de sa complice d'épouse. Cette chair discrètement quémandée au bureau et qui jusqu'à présent n'avait pas daigné répondre aux appels par le moindre frémissement. On les voyait donc enfin ces jeunes muscles développés par la pratique du sport. Et ce petit cul si souvent fantasmé, enfin là à portée de sa main, était loin de faire pâle figure. N'était-il pas exactement comme il l'avait souhaité ? Il en était tout attendri mon adjudant, pas loin de perdre ses moyens, en tout cas sa retenue, tout près de lâcher ses fluides avant d'avoir savouré la situation dans toute sa plénitude. Si près du but, attention de ne pas le laisser capoter !
Seulement voilà, le petit cul n'a pas voulu faire coucou. Il est resté renfrogné dans sa tenue de bidasse et n'a pas daigné faire face à l'exaltante proposition de strip-poker.

Faudra-t-il trouver une autre méthode ?

 

C'est avec un large sourire découvrant, entre les lèvres soigneusement vermillonnées, une belle rangée de dents blanches haleine fraîche, ─ un sourire étincelant, vraiment ─ que m'accueillit la maîtresse de maison.

─ Ah, vous voilà enfin ! Depuis que j'entends parler de vous ! J'ai dû insister auprès de mon mari pour qu'il vous invite, vous savez. C'est un grand timide en fait. Je ne suis pas sûre que son grade d'adjudant chef lui donne beaucoup d'autorité parmi ces petits jeunes soldats turbulents et frondeurs.

Devais-je comprendre qu'à la maison c'était madame qui portait la culotte, que c'était elle l'adjudant chef ?
C'était une femme grande et bien bâtie, juchée sur de hauts talons aiguilles de la même couleur vermillon que son rouge à lèvres. Elle était sobrement vêtue d'un chemisier de soie blanche, échancré jusqu'à la naissance de mignons petits seins, ─ comme je les aime, pensé-je, je n'ai jamais aimé les grosses poitrines qui me font penser à des airbags ─ et d'une jupe étroite, noire, sans aucune fente pour donner de l'aisance aux jambes, ce qui la faisait marcher avec de tout petits pas en roulant les hanches et les fesses. Sous une chevelure blonde, décolorée selon moi, faisant de chaque côté de jolis mouvements ondulés sur les oreilles, le visage était à mon goût beaucoup trop maquillé. Aucun pore de la peau, aucun cil, aucun poil de sourcil n'avait échappé à l'onction cosmétique.

─ Venez vous installer, me dit-elle. Mettez vous à l'aise, vous pouvez enlever votre blouson, pas besoin de tenue réglementaire ici. Elle vous va d'ailleurs très bien cette tenue militaire, la coupe est parfaite, vous l'avez probablement retouchée, c'est ce que font beaucoup d'appelés. Gérôme m'a dit que vous aimiez le whisky, vous allez nous dire ce que vous pensez de celui-ci.
Vous allez nous parler un peu de votre vie de soldat. Mon Gérôme ne vous en fait pas trop baver, j'espère. Vous savez, avec lui, il ne faut pas se laisser faire. Il croit, parce qu'il est sous officier et qu'il a du personnel sous ses ordres qu'il peut tout exiger d'eux et qu'il peut profiter d'eux à sa guise.
─ Non, je vous rassure, il n'est pas comme ça.
─ De toute façon vous êtes mieux dans un bureau que sur un champ de manœuvres. Vos camarades de chambrée sont-ils sympathiques ? Vous devez parfois bien vous amuser entre vous,...

Et patati et patata... et puis qu'est-ce qui m'arrive, je vois trouble tout d'un coup, et j'ai la tête qui tourne, je ne me sens pas bien du tout,... une bouffée de chaleur... mais qu'est-ce qu'elle a foutu dans son whisky pour me mettre dans cet état ?

─ Mais tu es tout pâle Alex, tu ne te sens pas bien, demande Gérôme ?
─ Oh mon dieu, dit Talon aiguilles, venez vous allonger dans notre chambre. Mais vous transpirez, vous avez trop chaud, d'ailleurs il fait trop chaud aujourd'hui, je vais vous aider à enlever votre chemise.
Et ce pantalon de gros drap vous comprime, permettez-moi de l'enlever aussi, vous vous sentirez beaucoup mieux.
Allongez-vous, détendez-vous...

 

Dans ma somnolence, à travers un voile de brume, je vois mon adjudant chef s'approcher de sa femme et lui retirer sa perruque blondasse, puis lui dégrafer et enlever son chemisier, et faire disparaître les seins avec le soutien gorge, dévoilant un torse de mec... Non ! Ce n'est pas possible, mon chef vit avec un travelo ! Ce que je voyais là allait bien au-delà du champ de bataille de mon imagination.
J'ai dû manquer quelques séquences, mais maintenant je la(le) voyais complètement nu(e), affublé(e) de son attirail viril, s'avancer vers le lit pour s'occuper de moi.
Je n'avais jusqu'alors aucun grief contre les travestis. Une marginalité sexuelle comme il y en a tant d'autres. Attiré non. Je trouve déroutante cette double personnalité, cette quête d'identité. Qui est qui ? Qui baise qui ? S'il joue au jeu de elle, tout en voulant rester il, c'est qu'elle est plus bandante qu'il n'y paraît, et alors autant en profiter. Est-ce seulement un jeu ? Pour les drag queens, oui, mais pour les travelos c'est plutôt un piège dans lequel ils s'emmêlent les pédales et qui finit par se refermer sur eux. Captifs. Désirer être une femme phallique c'est caresser un vieux rêve d'hermaphrodisme sans aucune chance d'avoir la protection d'un mythe.
Voici les photos d'une statue célèbre du Louvre qui est une copie romaine d'une sculpture grecque hellénistique : L'hermaphrodite endormi.

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Et voici la photo d'un travelo. Evidemment quand il est à poil, il a l'apparence d'un mâle, même en regardant en détail !

                   visite_m_dicale                  

L'histoire retient parfois certains noms malgré ou à cause de leur double apparence. Ainsi le chevalier d'Eon  qui a effectué des missions diplomatiques ou d'espionnage pour le roi Louis XV, sous l'apparence féminine, s'appelant alors Lya de Beaumont. Après bien des péripéties il finira dans la pauvreté, considéré par tous comme étant une femme. A sa mort, en Angleterre, en 1810, on découvrit avec stupéfaction, en faisant la toilette de la défunte, que cette vieille dame était un homme.

Evidemment, sur le moment, défoncé par ce stupéfiant whisky, je n'ai pas pensé à tout ça. Je voyais la chambre vaciller comme si la caméra était tenue à bout de bras par un danseur.
Sur le moment j'ai pa-ni-qué.
J'ai pas-ni-qué.
Présenté comme cela on peut rigoler du jeu de mots, mais en fait j'étais vraiment loin de me fendre la pipe ─ sans vouloir en remettre une couche avec les jeux de mots ou les allusions.
Je voyais se dérouler dans ma tête un film dont je n'avais pas écrit le scénario et dans lequel j'étais enrôlé de force. J'étais spectateur de ma prestation d'acteur qui consistait à me faire faire des actes contraires à ma volonté et à mes envies. Je pourrais décrire en détail les comportements charnels auxquels on voulait me soumettre, avec le vocabulaire circonstancié, mais je n'en ferai rien, souhaitant au plus vite le tête-à-queue pour revenir en arrière et jouir de ma délivrance.
Si je bougeais un peu la tête le sol basculait vers le plafond et je voyais mes deux lascars nus qui virevoltaient au dessus de moi dans cet espace bouleversé en prenant des poses lubriques.
Ce dont j'avais besoin à cet instant c'était de dormir et de faire des rêves de tendresse. Ah, la tendresse ! C'est quelquefois ce qui manque le plus à l'homme. Il ne pense qu'à baiser, mais que c'est triste la baise sans tendresse ! Peut-être mon adjudant était-il capable de tendresse, et son mec-femme aussi. Mais le procédé qu'ils avaient employé pour me soumettre à leurs envies, sans mon consentement, contre mon gré, excluait toute idée de tendresse.
La partouze à trois avec un militaire, un travelo et un non consentant drogué, non merci ! Stop. Arrêt sur image. Je rembobine le film de mon fantasme.

Je me retrouve alors dans l'Alfa GTV 2,5V6 rouge, à côté de mon adjudant en civil qui me parle de... qui me parle de ...

─ Alex, tu m'écoutes ? J'ai l'impression que tu es ailleurs.
─ Oui, excuse-moi. Je pensais que j'aurais dû apporter un petit présent à ta femme. Il n'y a pas une boutique dans le coin ?
─ Te casse pas. C'est ta présence qui lui fera plaisir.

Mon adjudant arrêta son engin devant un petit pavillon coquet, tout propret et fleuri. Il m'introduisit à l'intérieur où une femme avenante et jolie, après les présentations d'usage, me lança :

─ Venez, mettez-vous à l'aise. Vous prendrez bien un petit whisky ?


 

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