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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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30 mars 2009

115 Le captif ( 5° partie )

Ils arrivent n’importe quand, le plus souvent l’après midi. Ils sont toujours deux et jamais les mêmes. Ils me conduisent dans la cour, où je me précipite sur la fontaine et où le jeune Julien m’apporte ma gamelle, sans me dire un mot, sans entendre mes questions. Les gardes aussi ignorent mes questions : « Quand verrai-je le juge ? De quoi m’accuse-t-on ? J’ai droit à un avocat. Où sommes-nous ? » Ils me font comprendre, par des procédés de rustres, que je dois la fermer.
Malgré ma situation désespérée, je profite de cet instant dans la cour pour me laver dans la fontaine et goûter aux bienfaits du soleil.
Cependant je suis accablé de solitude au milieu de tous ces gens familiers qui me haïssent. La haine, c’est un sentiment que je n’ai jamais éprouvé. Mais je l’imagine très bien. Je la vois comme un gnome qui s’insinue à l’intérieur de toi et te taraude le cerveau jusqu’à ce qu’il soit saturé d’hostilité, de malveillance, de fiel, de venin ; jusqu’à ce qu’il te donne le goût d’exclure, de faire mal, de détruire l’Autre. « Avoir la haine » est hélas une expression en passe de se répandre dans mon pays la France. Je pense comme Konrad Lorenz que « la haine rend non seulement aveugle et sourd, mais incroyablement bête ». Alors je m’attends à subir les pires infamies, puisque la haine s’abat sur moi.

Ce matin ils sont venus beaucoup plus tôt que d’habitude. Ils avaient une panoplie très différente.

                      
                       Le_captif_9

─ Debout, jeune homme.

J’ai tout de suite compris. Car les mots les plus innocents peuvent être les plus pernicieux. Ce « jeune homme », qui, à première vue est plutôt sympathique, parce qu’il évoque la jeunesse et son potentiel d’avenir, d’ardeur, de découvertes, d’aventures, de jouissances,… parce qu’il pointe ce seuil de la vie où tout est encore possible, où les obstacles sont franchis, quels qu’ils soient, en souplesse ou en force, où il n’y a pas de problèmes mais seulement des solutions… eh bien de ce « jeune homme » j’ai tout de suite su qu’il fallait se garder. J’ai senti son danger dans la bouche de matons qui ne m’avaient jamais adressé la parole. J’ai perçu cette pointe de condescendance en s’adressant à un être aussi vil que moi. Et puis un peu d’ironie à l’égard de quelqu’un à qui on ne doit aucune considération ni aucun respect, même le plus élémentaire. Quelqu’un qui mérite le sort cruel qui lui est réservé. Quelqu’un que l’on va bafouer sans état d’âme, que l’on va humilier, parce qu’on a la force, le pouvoir et la mission de le faire.
Je connais le revers des mots, même lorsqu’ils ne sont pas prononcés, leur perversité, leur aptitude à dissimuler la part d’ombre et de noirceur qu’ils cachent dans les creux de leurs consonnes et de leurs voyelles, leurs non-dits assassins, leurs desseins secrets.
Il n’y a pas de mot innocent. Les plus anodins peuvent être des tueurs redoutables.

À suivre ...

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