115 Le captif ( 3° partie )
Je suis réveillé par un cliquetis métallique. En ouvrant les yeux, je vois pivoter la lourde porte de ma cellule et deux molosses se diriger vers moi. Je m’assoie sur ma couchette.
Corps de géants, têtes minuscules, harnachement de science fiction avec des épaulettes démesurées se terminant en pointes acérées, une tête de lion à la denture proéminente et au regard menaçant sculptée en relief sur le poitrail, des écailles métalliques agressives sur tout le reste du corps, armés d’une arme d’assaut en forme de courte lance. Les terrifiants matons m’empoignent par les bras et, sans un mot, me poussent dans un dédale de galeries sombres et sinistres.
Je crois ma dernière heure arrivée. Mon cœur bat tellement vite qu’il me coupe la respiration. Je suis conduit non pas dans une salle de tribunal mais dans une vaste cour ensoleillée où je suis tout d’abord aveuglé par la lumière. Peut-être va-t-on me présenter à un tribunal populaire qui va lire l’acte d’accusation et, après un simulacre de procès, va demander au public de me juger coupable et de prononcer la sentence. J’ai tout à craindre du public et de son jugement. Rien de plus influençable, de plus malléable, de plus manipulable que le public. On lui forge son opinion à grands coups de rumeurs et de fausses informations et il est prêt à lyncher à mort ce que la veille il adorait. On ne connaît que trop l’histoire de Jésus, à qui le mécréant que je suis voue une admiration sans limite :
Caïphe, chef des prêtres juifs à Jérusalem :
─ Cet homme sème le désordre dans notre nation. Il faut le condamner.
Pilate, gouverneur romain :
─ Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. Je vais le châtier (c’est-à-dire le faire flageller. Brrrh !!!), puis le relâcher.
Et la foule, infiltrée et manipulée par les prêtres :
─ Crucifie-le, crucifie-le.
On sait ce qu’il est advenu.
À suivre ...