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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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28 novembre 2008

111 L'absent ( 3° partie )

« Dans le gros 4X4 qui nous emmène aux portes de désert, je m’arrange pour être à côté de lui.

 Tu as le virus du désert ? Lui demandé-je.
 J’sais pas. C’est la première fois. Mais ça m’étonnerait. Le désert c’est un obstacle, aux déplacements, aux communications, aux rencontres, à la vie. Mais pour une fois que mon père me proposait quelque chose à faire avec lui, je n’ai pas voulu refuser.

Le père s’était débrouillé pour se trouver, dans le deuxième 4X4, à côté d’une jeune femme dont on apprit plus tard qu’elle était infirmière.

 Et toi, tu viens pour le désert ?
 Oui. J’y viens de temps en temps. Coupé de tout. Au milieu de nulle part. J’essaie de me ressourcer. Mais c’est trop beau, le désert. J’y éprouve un intense plaisir esthétique qui perturbe beaucoup ma méditation. Il faudrait qu’il n’y ait rien du tout et que je sois seul. Ce n’est pas possible.
 T’es un intello, toi.
 Pas vraiment. Mon intellect est souvent dominé par mes sens.
 Cette année au lycée, en première, j’avais un prof qui n’a pas arrêté de nous parler des « Rêveries d’un promeneur solitaire ». Les bienfaits de la solitude, de ce huis clos permettant de mieux se saisir soi-même, etc. Qu’est-ce qu’il a pu me bassiner avec Rousseau ! Moi j’aime la compagnie, j’aime la ville, les sorties, le cinéma, la musique, m’amuser… La nature, ça m’ennuie.
 C’est tout à fait normal à ton âge.

Pour quitter ce dialogue trop sérieux, je lui racontai une blague sur Rousseau qui le fit beaucoup rire. Le rire est un moyen radical pour apprivoiser les jeunes gens.
Notre conversation s’arrêta là.
Pendant la longue traversée du Chott El Djérid il s’endormit. Sa tête ballota à droite et à gauche, se cogna à la vitre, et finit par s’appuyer sur mon épaule. Je n’en espérais pas tant et je savourai voluptueusement ce charmant abandon. Complètement involontaire ? Je m’interdis en tout cas de penser qu’il ne le fût pas. J’éprouvai un plaisir fait de tendresse et de désir, une sorte de félicité que j’aurais souhaitée pérenne, malgré l’engourdissement de mon bras, sur lequel il s’appuyait, et que je gardai résolument immobile.

 Excuse-moi, me dit-il en se réveillant.
 Tu as bien fait, lui répondis-je.

Question et réponse qui ne compromettaient ni l’un ni l’autre.

A Douz nous fûmes pris en charge par nos chameliers, et après le chargement des dromadaires, la caravane s’ébranla en direction du désert de dunes. J’appris pendant cette journée que Mathurin (Mat, évidemment) vivait chez son père qui s’occupait de lui avec dilettantisme, pour ne pas dire désinvolture. Qu’il avait donc une grande autonomie et qu’il profitait allègrement de cette indépendance. Qu’ayant vécu cette petite souveraineté, il ne supporterait maintenant aucune restriction à sa liberté.
Je repensai à Rousseau qui avait occupé une partie de notre conversation du matin. Rousseau, à seize ans, chez la baronne de Warens, dans cette maison des Charmettes à Chambéry, que les « Confessions » ont rendue célèbre… Elle deviendra sa maîtresse… Il l’appellera « maman », lui qui n’avait pas de mère. Pourrai-je imaginer jouer le rôle de Madame de Warens auprès du jeune Mat et à ses yeux remplacer un père absent ou ailleurs ? Le souhaitai-je ? Certainement pas. Je ne me sentais pas du tout une âme de père, mais l’autre partie du rôle, celui d’amant, me convenait à merveille. Je feignis d’ignorer l’issue malheureuse de ces amours de Rousseau et de La baronne de Warens. Curieusement c’est la « maman » qui quitta son jeune amant, et il en fut désespéré. »

À suivre ...

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