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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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23 février 2008

094 Corps masculins

Alex envisageait depuis quelque temps de commencer une collection d’œuvres d’art. Il aimait dialoguer avec la peinture, la sculpture, la photographie, ou des moyens plus contemporains comme les installations, les vidéos, etc.
Il pensait que leur présence à ses côtés lui permettrait de développer son exploration intérieure. Il se disait aussi qu’il fallait, dans la mesure de ses petits moyens financiers, encourager et aider à vivre les jeunes artistes qui bien souvent crèvent de faim, et malgré cela ont la force et le courage de persévérer ; qu’il était heureux que certains aient le goût et les moyens d’acheter des œuvres d’art, parce que sans cela la misère des artistes serait plus grande encore.
Il pensait avec tristesse à la rhétorique des gens qui se disent de gauche, qui consiste à persuader qu’il faut appauvrir les uns pour subventionner les autres. Ce qui revient, à terme, à appauvrir tout le monde. Il y aurait, selon cette théorie, le camp des bons, des justes, des généreux, dans lequel ils se rangent évidemment, et celui des méchants d’en face qui ne pensent qu’au profit. Manichéisme naïf et destructeur, qui divise quand il faudrait s’unir.

Il exprimait ces quelques réflexions, un peu caricaturales, à un jeune sculpteur dans l’atelier duquel il se trouvait. Ce garçon réalisait des œuvres superbement sensuelles. Oh, pas de l’érotisme primaire et bestial comme certains d’artistes, et non des moindres, ne se privent pas de faire. Non, de l’érotisme subtil, allégorique, symbolique, dans le genre de ce que fait Louise Bourgeois. La mise à nu d’une intimité féministe, chez Louise, se retrouvait sous l’angle masculin chez Brice.

En regardant ces plâtres, ou ces bronzes, ou ces inox, pourtant pas réalistes du tout, Alex était pris d’un vertige où se mêlaient la vitalité, la virilité, la puissance, la pensée, les émotions, la sensualité. Cette glorification du corps de l’homme est d’autant plus géniale qu’elle est induite par des formes et des volumes qui ne font aucune description anatomique. Alex pensait inévitablement à cette phrase de Michel-Ange : « Le corps masculin est un parangon de beauté. Une merveille de symétrie, de force, de grâce. Rien n’exprime mieux les idées, l’expression, la pensée, les émotions. Chez un esprit étriqué, il se pourrait qu’il inspire des désirs charnels. Mais à mes yeux, c’est l’argile dans laquelle Dieu l’a modelé à sa propre image. »

─   Eh bien, dit Alex, après avoir cité ce passage, je crois bien que j’ai un esprit étriqué.
─    Ça m’arrive aussi, répondit Brice, un peu intimidé.
─    Explique-moi comment te viennent ces formes magnifiques.
─   Au départ j’ai besoin de modèles. Pour moi, c’est la partie la plus difficile. J’ai beaucoup de mal à trouver les garçons qui stimulent ma créativité. Les modèles professionnels ne me conviennent pas du tout. Ce sont des acteurs, tout me paraît artificiel. Je veux du naturel. Ils n’ont pas besoin d’être beaux. Les bogosses savent qu’ils le sont et perdent leur spontanéité. Quand je crois avoir trouvé, et avoir convaincu le mec de vivre nu pendant une heure ou deux dans mon atelier (il y en a qui refusent catégoriquement l’idée même de se mettre à poil), il y a encore le test du déshabillage. Difficile de se déshabiller complètement avec naturel. Ou ça va trop vite, et les sensations visuelles, psychiques, n’ont pas le temps de naître ; ou c’est trop lent et ça fait strip. La façon d’enlever le slip est infiniment révélatrice. Ce que j’aime, c’est une fraction de seconde d’hésitation, un léger mouvement de protection. Ce sont les marques d’une pudeur qui ne manque jamais de m’émouvoir.
Pendant la séance je ne fais que regarder, m’imprégner, tout en bavardant avec le modèle. Mon travail de réalisation plastique commence après de longues périodes d’intériorisation.
─   Et tu n’as jamais ce désir charnel dont parle Michel-Ange ?
─   Si, mais il a raison Michel-Ange, ça réduit l’échange à la seule chair. C’est ce qu’il appelle l’esprit étriqué.
─   Est-ce que tu crois que je te ferais bander si j’étais ton modèle ?
─   Oui. J’en suis sûr.
─   Alors je ne suis pas ton type. Je risquerais de gâcher ton talent.
Quel prix me fais-tu pour cette sculpture ?

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Commentaires
M
Que ce "mais" maladroit, malheureux, malentendu, disparaisse à tes yeux.<br /> <br /> Biz<br /> <br /> Mathys
J
oserais je? oui j'ose! la chute du récit n'est pas à la hauteur de la chute de reins dont je pense Alex nanti et c'est surtout le 'mais ' qui m'inspire cette réflexion ! car je l'interprête comme de la condescendance ou ai du mal à saisir l'ambiguité du propos -Alex aurait il pu conditionner son achat au fait d'être choisi pour modèle?-
J
oserais je? oui j'ose! la chute du récit n'est pas à la hauteur de la chute de reins dont je pense Alex nanti et c'est surtout le 'mais ' qui m'inspire cette réflexion ! car je l'interprête comme de la condescendance ou ai du mal à saisir l'ambiguité du propos -Alex aurait il pu conditionner son achat au fait d'être choisi pour modèle?-
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