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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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13 décembre 2007

087 La vie de château ( 5° et dernière partie )

Arriva le tour d’Alex

─ Toi, tu me fais 10 pompes au carré.
─ Et pourquoi le double des autres, mon adjudant ?
─ Parce que tu as une tête de rebelle.
─ Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
─ La ferme. A POIL. 10² pompes.
─ Un rebelle n’obéit pas à des ordres débiles.

La face de l’adjudant instructeur devint rouge carmin, puis vira au violet, mais resta toujours aussi carrée.

─ Je vais te mater petit avorton.
Commence par te foutre à poil.

Alex obéit… mais pas à l’ordre donné. Il obéit à une impulsion qui sommeillait en lui depuis toujours. Il s’offrit un magnifique instant de rébellion et jubila de ressembler enfin à l’image mentale qu’il s’était faite de lui-même.
Il avança de cinq pas en direction de l’adjudant, convaincu d’être à l’intérieur d’un corps qui était le sien et d’avoir définitivement abandonné celui du garçon prêt à se déshabiller et à s’humilier en faisant des pompes à poil.
Il avait bien un peu la sensation de flotter au dessus du champ de mines de la réalité, mais il fut emporté par le sentiment euphorisant qu’il était en train de faire ce que lui-même ne s’était jamais senti capable de faire.
Il lança, dans une grande envolée combative, bien qu’il eût l’impression de s’adresser à un inconnu d’un autre monde :

─  Je déclare la guerre à la connerie, à l’arbitraire, à la tyrannie, à la barbarie, à la torture morale et physique, aux traitements humiliants et dégradants (article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme)…

Il n’eut pas le cœur de continuer. L’instructeur, vaincu par l’insoutenable douleur de ses mortelles blessures d’amour propre et par les funestes blessures de son autorité bafouée, commença à se fissurer de toutes parts.
Chacun put alors constater que ses mots, ou plutôt ses cris d’orfraie sénile atteinte de la maladie d’Alzheimer, ne correspondaient plus aux mouvements de ses lèvres. On vit peu après se fossiliser ce qui lui servait de pensée, et se lézarder le petit pois de son cerveau. Puis il ferma les yeux et tâtonna un instant dans sa complète obscurité intérieure, avant de s’effondrer sur le sol et de commencer à se dissoudre sous les yeux ébahis d’Alex et des autres conscrits.
S’étant toujours pris pour un carré magique, il se damna d’être réduit à une bouillie informe où les viscères s’entrelaçaient aux circonvolutions du cerveau avant de l’absorber et de le transformer en matière fécale.
Bientôt il ne resta plus sur le dallage qu’un gros étron qui ne pouvait même pas être conservé comme trophée de guerre.
C’est alors que le ciel prit enfin parti dans cette bataille et envoya une énorme averse qui lava l’excrément, inonda la cour du château, puis le château lui-même, avec son vestibule de marbre blanc, sa galerie des glaces et son  dénudé butin de guerre, sa salle du trône et son général fétiche. Le tout fut englouti et disparut comme s’il n’avait jamais existé.

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Commentaires
M
Je ne t'imagine pas en militaire, Pierre-de-lune.<br /> Encore moins en bourreau.<br /> Mais quels fantasmes peuvent nous habiter parfois !<br /> "A l'insu de notre plein gré" bien sûr.<br /> <br /> Très bonne fin d'année Pierrot.<br /> <br /> Mathys
P
Titre suggéré par les commentaires qui précèdent.<br /> <br /> J'aime bien certaines de tes illustrations. Et le conseil de faire de la gym sans atours inutiles.<br /> <br /> Me demande parfois, et le rouge de la honte à la face me monte, en ces troubles instants, si je n'aurais pas aimé prendre la place du diactateur, moins les formules méprisantes. A rêve, rêve et demi ...<br /> <br /> Trotteur/trotteuse.
M
Comment, en écrivant, peut-on ne pas croire au pouvoir des mots ?<br /> J'ai écrit un texte sur mes mots, où je me marre bien sûr, et qui commence comme ça : quand j'écris je ne suis pas sûr de bien me comprendre.<br /> Je le publierai... bientôt,...peut-être.<br /> <br /> Bizous <br /> <br /> Mathys
M
Très bonne boutade.<br /> Je vois que tu gardes la forme.<br /> <br /> Biz<br /> <br /> Mathys
K
Si seulement les mots avaient un tel pouvoir!!
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