076 Les fantômes (3° partie)
Alex eut bien d’autres visites dans cette chambre contiguë au grenier magique. Il ne se souvenait pas de toutes mais seulement de celles qui l’avaient impressionné, effrayé, ou plongé dans ses premiers émois sexuels.
L’éveil encore relatif de sa sexualité lui faisait se questionner sur tout ce qui avait trait à ce sujet. Ainsi était-il très intrigué par cette partie de lui-même qui était capable, à son insu, de se développer et de durcir avant de redevenir ce petit organe tranquille bien utile pour faire pipi le plus loin possible. Il avait remarqué qu’en tripotant son zizi il parvenait à le faire croître en longueur et en volume et à l’affermir un certain temps. C’était très amusant.
Mais sa grande interrogation concernait l’anatomie des filles. Il n’avait jamais trouvé le moyen d’en voir une toute nue. Un jour, en attendant son tour chez le coiffeur, alors que sa mère l’avait laissé seul pour faire des courses à proximité, il était tombé sur une revue dans laquelle il y avait plein de jeunes femmes nues dans toutes les positions. Il avait été un peu dégoûté par cet étalage d’un univers corporel qui lui était étranger. Ce qu’il souhaitait maintenant, c’était être confronté à la réalité, une réalité plus naturelle et plus quotidienne, celle de cette petite Nénette par exemple, qui avait les larmes aux yeux quand il se faisait punir parce qu’il avait fait d’énormes fautes d’orthographe dans la dictée.
Il l’aimait bien, Nénette. Elle avait exactement le même âge que lui et habitait à proximité, dans une des résidences nouvellement construites. Elle venait souvent s’amuser avec lui dans le grand jardin de la villa. Ils construisaient une cabane et jouaient à cache-cache entre les buissons de buis ou de conifères et les haies de thuyas. Il y avait même de grands cèdres derrière le tronc desquels on pouvait entièrement se dissimuler.
Un jour, Alex s’était glissé, en se contorsionnant, à l’intérieur du feuillage très dense du bosquet de noisetiers. Nénette avait mis longtemps à le trouver. Il avait mis ce temps à profit pour prendre enfin la décision qu’il remettait toujours à plus tard par crainte d’un refus catégorique.
Quand Nénette le découvrit, il se précipita sur elle et l’embrassa goulûment sur les deux joues.
Nénette, viens dans la cabane. J’ai quelque chose à te demander.
Tu ne peux pas me le demander ici ?
Non. Viens dans la cabane.
Ils partirent en courant et pénétrèrent dans cet assemblage de planches et de branchages sous les frondaisons du sol pleureur. Il y flottait toujours une odeur de mousse et de lichen.
Alors, qu’est-ce que tu voulais me demander ?
Je voudrais que tu me montres ton tutu.
Alex connaissait très bien les mots qui désignaient les organes sexuels des garçons et des filles. Les « grands » les employaient à tout propos. Mais il répugnait à employer ce vocabulaire qui lui paraissait empreint de vulgarité, étranger à son éducation et à sa nature plutôt réservée et un peu timide.
Je veux bien mais à condition que tu me montres ton zizi.
Ils se déshabillèrent et, mi amusés, mi confus, observèrent un moment ces zones mystérieuses.
Est-ce que je peux toucher ? demanda Alex.
Oui. Moi aussi je peux toucher ?
C’est doux.
C’est amusant. Regarde, il se met à grossir.
Il y avait là de quoi alimenter tous les rêves des nuits à venir.
A suivre...