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Confidences d'Alex
Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
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21 février 2007

068 Dialogue intérieur

La plaine était immense. De tous côtés elle s’étendait jusqu’à l’horizon. Elle était entièrement couverte d’herbes hautes que les risées, ces petites brises passagères, faisaient onduler comme de la houle marine. Aucune doute, aucun chemin, aucune trace. La sensation d’isolement et de solitude était totale.
Comment était-il arrivé là ? Alex n’en savait rien.
Pourquoi était-il seul ? Il ne savait pas non plus.
Il se souvenait vaguement avoir participé à une soirée très joyeuse, très festive, très dansante, où, dans le déchaînement des rythmes musicaux, magistralement associés par le DJ, il s’était étourdi jusqu’à épuisement dans les flux et reflux endiablés de la cohue du dancefloor. Il se souvenait s’être senti très seul, malgré la présence particulièrement charnelle de ces garçons et de ces filles tout autour de lui.
Et voilà que maintenant il était vraiment seul, perdu dans un champ de solitude.
Comment ferait-il pour rejoindre ses amis et trouver auprès d’eux le réconfort dont il avait tant besoin ? Dans quelle direction aller ? Vers le Nord ? Vers le Sud ? Le soleil, au zénith, ne donnait aucune indication.
Pourquoi l’avait-on ainsi abandonné ? Qu’avait-il fait de mal ? Etait-ce un châtiment ?
Un châtiment divin ? Il n’y croyait pas, mais devant l’étrangeté de sa situation, il commençait à envisager l’existence d’une Justice Suprême.
Un châtiment des hommes ? Certes, il n’était pas un modèle de vertu. Mais il n’avait jamais commis de forfaits, il n’avait jamais volé ni dénoncé, ni cloué au pilori. Il respectait toutes les valeurs fondamentales nécessaires pour vivre humainement.
Mais il n’en doutait plus maintenant, ses appétits sexuels, qui le portaient tantôt vers le féminin, tantôt vers le masculin, cette inaptitude chronique à choisir le camp de ses partenaires, étaient considérés comme une invalidité morale. Il déshonorait le genre humain en piétinant ses codes intangibles, en faisant un pied de nez à sa classification des chromosomes, en bafouant les principes édictés par les religions.
Sans doute méritait-il un châtiment. Cependant, il trouvait injuste d’être condamné sans avoir été entendu. Il vivait dans une démocratie, et aucune condamnation ne pouvait être appliquée sans un jugement rendu par un tribunal. Certains, bien sûr, parvenaient à échapper à la justice, bien qu’ayant commis des fautes graves, en se retranchant derrière une immunité présidentielle, ou une immunité parlementaire, par exemple, mais la plupart des fauteurs passaient devant les instances judiciaires.
Il se voyait très bien être son propre avocat, stigmatisant d’abord les méthodes inquisitrices de l’accusation, et les attentats à la vie privée, avant de passer à sa défensive.

─  Monsieur le juge, est-ce ma faute si j’ai un cœur gros comme ça et si j’aime mon prochain comme les autres aiment le chocolat ou le bon vin ?
─ Ce n’est pas seulement le cœur que vous avez gros comme ça, semble-t-il. Si je voulais enfoncer le clou, je dirais que vous utilisez une arme redoutable.
─  Monsieur le juge, vos propos sont guerriers, alors que je vous parle d’amour.
─  Donc, vous prétendez que tomber amoureux régulièrement fait partie de votre nature ?
─  Oui, Monsieur le juge.
─  Et vous êtes partisan de respecter cette nature ?
─  Oui, Monsieur le juge.
─  Eh bien, justement, ce que vous pratiquez est contre nature.
─  Comment ça, Monsieur le juge ?
─  Vous draguez et séduisez une jeune fille, et, sitôt consommée, vous l’abandonnez pour draguer et séduire un garçon. Puis vous revenez à une fille, et ainsi de suite.
─  Non, Monsieur le juge, je ne drague pas, je ne séduis pas, je ne consomme pas : j’aime. Nous nous aimons. L’amour n’a jamais été contre nature.
─  Etes-vous sûr que ce soit de l’amour ?
─  Au début je le crois, Monsieur le juge, mais très vite je m’aperçois que je me suis trompé, ou que j’aime suffisamment peu pour pouvoir aimer quelqu’un d’autre.
─  Est-ce que ce n’est pas d’abord vous que vous aimez ?
─  C’est possible, Monsieur le juge. Vous enfoncez le doigt là où ça fait mal. Je m’aime et je ne m’aime pas. Je suis dans une totale incertitude.
─  Il vous faut une période de méditation, mon enfant. Vous serez à l’isolement pendant quelque temps, pour vous mettre en accord avec votre conscience.

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Commentaires
M
C'est bien retourné,<br /> J'en suis renversé.<br /> <br /> Biz<br /> <br /> Mathys
D
Ni queue ni tête, mais vaporeuse à souhait et si bien dessinée.
M
C'est une question qui n'a ni queue ni tête.<br /> <br /> Biz<br /> <br /> Mathys
D
Question : <br /> Comment renverser la vapeur quand tous les sens ont le même dessein ?<br /> <br /> Mais je n'ai pas la réponse !
M
Qui a dit cela, Kitty ?<br /> Ce garçon est en questionnement permanent.<br /> Sinon, pourquoi ferait-il tous ces cauchemars ?<br /> <br /> Bizous<br /> <br /> Mathys
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